N’a p’us….mais y’a des légendes!

24 septembre 2006

N’a p’us….mais y’a des légendes!

N’a p’us des p’tits gâteaux qu’on avait achetés à Malacca….Z’étaient plus que bons. Z’avaient un goût que les palais n’oublient pas. Mes papilles en pleurent encore.

Il faut dire qu’ils n’ont pas été faits n’importe où. A Malacca, le restaurant Nancy’s Kitchen est réputé pour sa cuisine peranakane, cuisine qui comprend, et c’est remarquable, des desserts.

A savoir si ces p’tits gâteaux – des tartelettes aux pommes miniatures en fait – sont typiquement peranakanes, je ne sais. J’ai trouvé leur pâle copie au Mall Liang Court, à deux pas de chez nous. Mais bon, l’avantage, c’est que je vais pouvoir vous parler de ces Peranakans ….

Attention, accrochez-vous !

Tout commence au 15^ème siècle. Chez nous, c’est le règne des Valois de la dynastie des Capétiens, Jeanne d’Arc a vu la Vierge, Christophe Colomb voyage et Gutenberg imprime. Bref la vie est belle ! Dans la région de Malacca, le sultan Mansur Shah envoie un représentant en Chine pour cirer les chaussures taille 38 de l’Empereur Ming (hey, les Ming !!! Les revoilà !! Voir post « une histoire de mooncake »). Comme sa majesté est grandeuh! Comme sa majesté est puissanteuh! L’empereur ne se sent pas de joie et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec et…..offre sa fille en mariage!

Notre petite Hang Li Po part pour Malacca, devient ainsi la 5^ème femme du Sultan, se convertit à l’Islam, et emmène avec elle quelques copains et copines - 500 fils de ministres et quelques centaines de domestiques feront l’affaire. Ainsi naquirent les merveilleux Peranakans ! Elle est pas jouly comme tout, mon histoire ?

Bien évidemment, je vous en propose une variante parce que vous le valez bien ;+)

Donc donnons le rôle du cireur de pompes de l’Empereur Ming à un proche même de l’Empereur, j’ai nommé, Zheng He, né Ma Sanbao, descendant lointain de la dynastie Yuan (tiens les Yuan, voir post « une histoire de mooncake »).

Selon le folklore malais, c’est lui qui poussa l’Empereur à offrir sa fille Hang Li Po au Sultan de Malacca. Il faut dire que Zhen He/Ma Sanbao fait un parfait personnage à toute bonne légende qui se respecte. Musulman de confession, capturé par les Ming, castré, devenu eunuque (de 2 mètres de haut – une belle bête quoi !) et serviteur de la cour impériale, Zhen He/Ma Sanbao fut un célèbre marin, explorateur, diplomate et amiral – bon C.V. non ? Tous ses voyages sont relatés dans un livre intitulé « L’eunuque Sanbao vers l’Océan de l’Ouest », en vente dans toutes les bonnes Fnac. Dans la vraie histoire, il réalisa qu’il lui serait impossible de convertir la cour impériale des Ming à l’Islam et il profita alors de ses voyages pour favoriser l’expatriation de nombreux Chinois musulmans vers Malacca entre autres destinations et convertir les locaux de ces villes. Grâce à lui, Malacca devint le centre d’apprentissage islamique et un centre de commerce international des mers du sud. Balaiseuh !

Mais, et les Peranakans alors ?? Ben dans la vraie histoire, pas de trace de la fille de l’Empereur Ming. Il semblerait en effet que les Peranakans soient moins issus du ventre de notre charmante Hang Li Po que des ventres des femmes du sultan Parameswara qui s’exila à Malacca avec quelques potes soldats afin de fuir le royaume en déclin de la région de Sumatra….

A moins que ceci ne soit encore qu' une autre légende et que les Peranakans ne soient « que » le fruit des mariages entre des commerçants chinois de confession musulmane venus s’installer en Asie du Sud Est et les femmes « locales» d’origine malaise ou indonésienne. Quand les commerçants étaient indiens, on parle des Peranakans indiens. Quand les hommes étaient Portugais, on parle des Peranakans…..eurasiens (je vous ai bien eus, là!)